Un samedi d’avril
dernier, l’association Maisons Paysannes de Loir-et-Cher (1) organisait à Cheverny une nouvelle réunion à l’intention de
ses adhérents, pour leur faire découvrir (entre autres) la technique de
l’isolation chaux/chanvre en projection.
Ces réunions périodiques permettent de découvrir ou de mieux connaître différentes techniques de construction, mais aussi d’échanger avec des professionnels compétents (artisans, architectes, etc.) et entre adhérents, tous passionnés de construction et de réhabilitation du patrimoine bâti.
Une ancienne closerie
viticole
Les documents d’archives permettent de situer l’origine de cette closerie au XVIII e siècle, avec sans doute des éléments plus anciens. La propriété était autrefois entourée de vignes, dont les dernières ont été arrachées par d’anciens propriétaires dans les années 80, sans doute dans le cadre des subventions attribuées pour l’arrachage, instaurées à l’époque pour réguler la production viticole.
Un projet mûrement réfléchi…
La partie habitée a
depuis longtemps été aménagée et modernisée. Les dépendances (autrefois
logement ouvrier, bergerie, étable, écurie, …) ont, elles aussi, été
entretenues au fil du temps, mais leur état nécessitait de pratiquer une
importante restauration pour assurer leur pérennité.
C’est donc un gros défi
que se sont lancé Bruno et Marie-Laure en décidant de restaurer et d’aménager
ces bâtiments pour en faire un espace à vivre donnant sur le jardin à l’arrière
et deux gîtes dans l’autre partie qui donne accès à la fois sur la cour
intérieure et sur le jardin côté sud-est.
… et très technique
Le sol de la zone des
Robinières étant très argileux, le gros oeuvre avait beaucoup souffert, et
malgré des « rafistolages » successifs et partiels pour préserver l’essentiel,
il a fallu s’engager dans une restauration complète qui a consisté entre autre
à :
- démonter l’ancienne bergerie, construction à pan de bois (2), et la remonter à l’identique (ou presque, car les fondations et les bas de mur ont été renforcés pour assurer leur solidité),
- pratiquer des ouvertures supplémentaires sur la façade sud-est,
- prendre de bonnes dispositions pour permettre au bâtiment de ne plus souffrir de la présence de l’argile, avec notamment :
- le renforcement des fondations de la partie reconstruite,
- la réalisation d’un « hérisson ventilé », réalisé en granulats 20/40 recouvert d’un géotextile sous la dalle en béton de chaux, permettant à l’eau éventuellement présente de s’évacuer par des drains et à l’humidité de s’échapper par des évents de ventilation,
- la réalisation de l’isolation en chaux/chanvre sur les murs en pan de bois et en fibre de bois sous toiture, et des enduits à base de chaux pour permettre au bâtiment de respirer et évacuer toute remontée d’humidité,
- la conception d’une toiture sans gouttières, qui permet au sol de garder une certaine humidité en pied de mur, tout en drainant les abords pour éviter les excès d’eau.
La charpente et les colombages, qui étaient très abîmés, ont été entièrement démontés et restaurés en conservant tous les éléments récupérables. Un travail minutieux (réalisé par l’entreprise de charpente- couverture La Passion du Toit de Soings-en-Sologne – Damien et Kevin Dhardivillers) qui donne un très beau résultat.
Devant un public attentif, Sylvain Boursier (entreprise de maçonnerie Boursier à Sassay) a présenté la technique de projection de l’isolant chaux/chanvre de 25 cm d’épaisseur, tout à fait adapté à la problématique du projet. L’enduit intérieur chaux-chanvre appliqué par projection est une solution naturelle (composants bio-sourcés et empreinte carbone réduite) bien adaptée à l’amélioration du confort thermique du bâti ancien en apportant de bonnes performances thermiques et en régulant naturellement l’hygrométrie. Cette technique est en plein essor mais peu d’artisans savent la mettre en oeuvre.
Ce sont tous ces aspects
très techniques qui ont été présentés aux personnes présentes, donnant une fois
de plus une belle image des métiers du bâtiment pratiqués par des artisans très
compétents, au fait des techniques les plus innovantes et présentant comme
toujours leurs techniques et leur savoir-faire avec passion et modestie.
P. L. ■
(1) Voir La Grenouille
n° 62 – Janvier 2024 : « Restaurer sereinement ».
Internet :
www.centre.maisons-paysannes.org/dpt/loir-et-cher/accueil/
Facebook : Maisons
Paysannes du Loir et Cher
(2) Les pans de bois
intégraient des colombages, colombes et colombelles, d’où la désignation
aujourd’hui plus
courante de « maison à colombages ». L’exactitude lexicale et
surtout historique,
amène à préciser que l’appellation actuelle « maison à colombages »
se disait bien autrefois
« maison à pan de bois » (Wikipédia).
La Grenouille n°68 - Juillet 2025
Ce ne serait pas la maison ou Monsieur et Madame Nouvet ont vécu
RépondreSupprimerBonsoir, Oui, c'est bien cela...
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