Rénovation avec Maisons paysannes de Loir-et-Cher

Un samedi d’avril dernier, l’association Maisons Paysannes de Loir-et-Cher (1) organisait à Cheverny une nouvelle réunion à l’intention de ses adhérents, pour leur faire découvrir (entre autres) la technique de l’isolation chaux/chanvre en projection.

Ces réunions périodiques permettent de découvrir ou de mieux connaître différentes techniques de construction, mais aussi d’échanger avec des professionnels compétents (artisans, architectes, etc.) et entre adhérents, tous passionnés de construction et de réhabilitation du patrimoine bâti.


Une ancienne closerie viticole
Nous étions ce jour-là aux Robinières, chez Bruno et Marie-Laure Lecailtel. Le couple a acheté cette ancienne closerie viticole il y a quelques années aux parents de Marie-Laure, Francis et Renée Gorisse, qui ont vécu là plus de 25 ans.

Rénovation avec Maisons paysannes de Loir-et-Cher

Les documents d’archives permettent de situer l’origine de cette closerie au XVIII e siècle, avec sans doute des éléments plus anciens. La propriété était autrefois entourée de vignes, dont les dernières ont été arrachées par d’anciens propriétaires dans les années 80, sans doute dans le cadre des subventions attribuées pour l’arrachage, instaurées à l’époque pour réguler la production viticole.

Rénovation avec Maisons paysannes de Loir-et-Cher

Un projet mûrement réfléchi…
La partie habitée a depuis longtemps été aménagée et modernisée. Les dépendances (autrefois logement ouvrier, bergerie, étable, écurie, …) ont, elles aussi, été entretenues au fil du temps, mais leur état nécessitait de pratiquer une importante restauration pour assurer leur pérennité.

C’est donc un gros défi que se sont lancé Bruno et Marie-Laure en décidant de restaurer et d’aménager ces bâtiments pour en faire un espace à vivre donnant sur le jardin à l’arrière et deux gîtes dans l’autre partie qui donne accès à la fois sur la cour intérieure et sur le jardin côté sud-est.


 … et très technique

Le sol de la zone des Robinières étant très argileux, le gros oeuvre avait beaucoup souffert, et malgré des « rafistolages » successifs et partiels pour préserver l’essentiel, il a fallu s’engager dans une restauration complète qui a consisté entre autre à :

Rénovation avec Maisons paysannes de Loir-et-Cher

  • démonter l’ancienne bergerie, construction à pan de bois (2), et la remonter à l’identique (ou presque, car les fondations et les bas de mur ont été renforcés pour assurer leur solidité),
  • pratiquer des ouvertures supplémentaires sur la façade sud-est,
  • prendre de bonnes dispositions pour permettre au bâtiment de ne plus souffrir de la présence de l’argile, avec notamment :
    • le renforcement des fondations de la partie reconstruite,
    • la réalisation d’un « hérisson ventilé », réalisé en granulats 20/40 recouvert d’un géotextile sous la dalle en béton de chaux, permettant à l’eau éventuellement présente de s’évacuer par des drains et à l’humidité de s’échapper par des évents de ventilation,
    • la réalisation de l’isolation en chaux/chanvre sur les murs en pan de bois et en fibre de bois sous toiture, et des enduits à base de chaux pour permettre au bâtiment de respirer et évacuer toute remontée d’humidité,
    • la conception d’une toiture sans gouttières, qui permet au sol de garder une certaine humidité en pied de mur, tout en drainant les abords pour éviter les excès d’eau.

La charpente et les colombages, qui étaient très abîmés, ont été entièrement démontés et restaurés en conservant tous les éléments récupérables. Un travail minutieux (réalisé par l’entreprise de charpente- couverture La Passion du Toit de Soings-en-Sologne – Damien et Kevin Dhardivillers) qui donne un très beau résultat.


Démonstration de savoir-faire
Devant un public attentif, Sylvain Boursier (entreprise de maçonnerie Boursier à Sassay) a présenté la technique de projection de l’isolant chaux/chanvre de 25 cm d’épaisseur, tout à fait adapté à la problématique du projet. L’enduit intérieur chaux-chanvre appliqué par projection est une solution naturelle (composants bio-sourcés et empreinte carbone réduite) bien adaptée à l’amélioration du confort thermique du bâti ancien en apportant de bonnes performances thermiques et en régulant naturellement l’hygrométrie. Cette technique est en plein essor mais peu d’artisans savent la mettre en oeuvre.


Rénovation avec Maisons paysannes de Loir-et-Cher

Ce sont tous ces aspects très techniques qui ont été présentés aux personnes présentes, donnant une fois de plus une belle image des métiers du bâtiment pratiqués par des artisans très compétents, au fait des techniques les plus innovantes et présentant comme toujours leurs techniques et leur savoir-faire avec passion et modestie.


P. L.


(1) Voir La Grenouille n° 62 – Janvier 2024 : « Restaurer sereinement ».

Internet : www.centre.maisons-paysannes.org/dpt/loir-et-cher/accueil/

Facebook : Maisons Paysannes du Loir et Cher

(2) Les pans de bois intégraient des colombages, colombes et colombelles, d’où la désignation

aujourd’hui plus courante de « maison à colombages ». L’exactitude lexicale et

surtout historique, amène à préciser que l’appellation actuelle « maison à colombages »

se disait bien autrefois « maison à pan de bois » (Wikipédia).


La Grenouille n°68 - Juillet 2025

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